Nous étions près de 60 personnes vendredi 20 mai à assister à la conférence « l’Arménie, cette inconnue » par Maxime Yevadian, historien et titulaire de la Chaire d’Arménologie à l’Université Catholique de Lyon. Il était venu tout spécialement de Villefranche pour nous exposer l’extraordinaire richesse de l’Histoire de ce pays méconnu. L’auditoire - constitué pour moitié de personnes issues de la communauté d’origine arménienne de Grenoble - a été conquis par son exposé illustré de nombreux slides. C’était effectivement une gageure que de retracer en une heure seulement les particularités de cette civilisation trois fois millénaire. Ainsi, il a montré comment, au carrefour du monde oriental et du monde occidental, la place stratégique de l’Arménie au Proche Orient, en a fait un objet de perpétuelles convoitises et d’invasions successives tout au long de son Histoire. C’est avec une qualité remarquable que le conférencier a évoqué la spécificité religieuse de ce pays, un des derniers et rares pays chrétiens de cette région du monde, nous faisant comprendre combien il est viscéralement attaché au christianisme qu’il a, le premier, adopté en tant que religion d’état sous l’impulsion de son Catholicos fondateur Saint Grégoire l’Illuminateur, en l’an 300. Il a montré aussi que l’architecture religieuse arménienne est toute entière basée sur les plans du saint siège de son Eglise, que l’on doit à la vision divine de St Grégoire : la cathédrale d’« Etchmiadzine » - littéralement « descente du monogène » ; une Eglise autocéphale, héritière des apôtres Thaddée et Barthélémy et qui se classe parmi les Eglises orientales anciennes ou pré-chalcédonniènnes. Il est admis que cette architecture a été précurseur de l’art roman.
Enfin, et pour ne citer que ces trois exemples, il a parlé de la littérature arménienne née avec l’invention de l’alphabet en 405 et qui après quelques décennies seulement entreprenaient la traduction d’abord des psaumes et de la bible dans le but de toucher au plus près le cœur de fidèles, pour ensuite produire des œuvres originales tour à tour hagiographiques, exégétiques et philosophiques dans le but de former son clergé.
Il a évoqué ces domaines divers pour en faire une synthèse qui expliquent les retentissements actuels sur ce petit peuple que l’Histoire a malmené au début du XXe siècle.
Enfin, le temps d’échanges qui a conclu la soirée, a fini de donner une image édifiante de l’Arménie qui ne sera plus si méconnue désormais pour les personnes présentes à cette conférence de haute tenue.
Ida Alepee
Maxime Yevadian